Madagascar accueille les Jeux des îles de l’Océan Indien du 25 août au 3 septembre prochain. Une aubaine pour le secteur du tourisme qui reprend des couleurs après deux années d’agonie. Johann Pless, président de la Fédération des hôteliers et Restaurateurs de Madagascar (Fhorm) livre son analyse.
Johann Pless – Président de la Fédération des hôteliers et Restaurateurs de Madagascar
Les infrastructures hôtelières existantes sont-elles suffisantes pour accueillir les personnes qui vont venir à Madagascar dans le cadre de cet événement sportif ?
Oui ! Que ce soit dans les hôtels classés « ravinala ou ceux affichant de une à cinq étoiles, les établissements sont prêts pour accueillir l’ensemble des délégations et tous les accompagnants. Maintenant, il faut mettre les éléments en corrélation : Où se déroulent chacune des épreuves ? Où les sportifs et les accompagnements doivent se trouver ? Dans l’optique où les organisateurs souhaiteraient loger leurs athlètes dans des hôtels, le nombre de chambres disponibles est suffisant, les hôteliers et les restaurateurs sont prêts.
Que peut-on dire du taux d’occupation des hôtels durant ces derniers mois ?
Le nombre de personnes qui séjournent actuellement sur Madagascar augmente, avec son lot d’arrivées et de départs de la grande île . Les avions sont beaucoup plus remplis qu’auparavant. Suivant les rotations, les niveaux de fréquentation sont similaires, voire supérieurs à 2019. Mais là, on parle de la vente de sièges aériens, sans mesurer l’impact sur le volume de touristes internationaux. Les occupations sont très disparates, suivant les régions, la localité et le classement des hôtels. Des hôtels 3 ou 4 étoiles, en centre-ville, affichent moins de 15% de taux d’occupation. Tandis que des hôtels à 2 ou 3 kilomètres du centre-ville annoncent plus de 60% de taux d’occupation. Donc, on constate que, dans la même ville, à quelques centaines de mètres, il existe un vrai déséquilibre. Sur l’île Sainte Marie par exemple, le taux d’occupation est à moins de 30% alors qu’il devrait être supérieur à 50%. Aujourd’hui le schéma est similaire à ce qu’il était il y a quelques mois : Antananarivo en tête des villes-destinations, du fait du nombre de rotations aériennes. Puis arrivent Nosy Be en second et ensuite Majunga grâce aux offres de trafic aérien. Il faudrait donc penser à reprendre certains vols régionaux comme La Réunion-Sainte Marie.
Tout dépend donc de la liaison aérienne ?
En tant qu’île, Madagascar est très dépendant de la liaison aérienne internationale, domestique, et régionale. Il y a peu d’aéroport dans les normes internationales. Si on pouvait avoir une ligne régionale sur chacun de nos aéroports, ça serait déjà exceptionnel.
Quel est le rôle d’Antananarivo ?
Tana est un hub historique. Ivato, le plus grand aéroport avec le plus de rotations aériennes nationales, domestiques, régionales et internationales. C’est très important. Dans tous les pays du monde, il y a un hub, souvent dans la capitale. De là, s’organise le dispatche vers les destinations intérieures. Ce dispatche est d’autant plus facile à réaliser quand la compagnie nationale dispose d’un nombre d’appareils suffisant, ce qui n’est pas le cas. Pour améliorer le trafic, il faudrait peut-être penser à accueillir d’autres compagnies aériennes sur le réseau domestique, ce qui nous permettrait d’avoir une desserte plus cohérente, plus impactant afin de mettre toutes les régions au même niveau et gommer les fortes disparités.
Vous évoquez les disparités entre les régions de Madagascar. A quoi cela est dû ?
C’est très clair, Madagascar Airlines, est la seule compagnie qui opère sur le réseau domestique. Elle ne dispose que de 5 avions ATR mais trois sont cloués au sol, donc seulement 2 sont opérationnels. Il faudrait remettre en service ces 3 avions en panne. Ce manque d’appareils en état constitue une énorme contrainte sur un pays très grand. Et surtout pour le secteur privé des gestionnaires d’aéroport et le secteur du tourisme qui, à lui seul, représente près de 44 000 emplois directs et 1 500 000 emplois indirects.